Le service fédéral des statistiques Rosstat a publié hier lundi des chiffres selon lesquels 19.2 millions de Russes, soit 13.4% de la population, ont vécu avec moins de 140 dollars par mois en 2015, un chiffre en hausse de 20% par rapport à 2014.
Ce taux, le plus élevé depuis 2006, est la conséquence directe de la crise actuelle qui a effacé près d’une décennie de progrès enregistrés par le gouvernement conduit par le président Vladimir Poutine en termes de lutte contre la pauvreté.
Entre l’effondrement des cours du pétrole et les sanctions occidentales décrétées sur fond de crise ukrainienne, la dégradation du niveau de vie tend à progresser cette année. En septembre déjà, la Banque mondiale s’était alarmée de l’augmentation « troublante » de la pauvreté en Russie, résultat d’une baisse « spectaculaire » des revenus qui a rendu « plus vulnérables » les ménages les plus modestes, notamment parmi les fonctionnaires et les retraités.
Selon les statistiques officielles, les revenus réels des Russes, toutes catégories confondues, ont plongé d’environ 10% l’an dernier. Selon le rapport mensuel sur l’économie publié par Rosstat, la tendance reste fermement négative en dépit du ralentissement de l’inflation dans le pays. Les experts de la nouvelle agence de notation nationale russe ont indiqué dans un rapport publié lundi, ne pas prévoir de retour de la Russie à la croissance avant 2018, année de la prochaine présidentielle.
Certes, le nombre de Russes considérés comme pauvres reste très inférieur à ce qu’il était au début du premier mandat de Vladimir Poutine, 29% de la population en 2000, soit 42 millions de personnes, mais ce bond en arrière reste un revers pour le président russe. Celui-ci, malgré la plus longue récession que son règne a connue, a néanmoins réussi ces derniers mois, le tour de force d’enregistrer des niveaux de popularité record dans le contexte de la crise ukrainienne et surtout de l’intervention militaire russe en Syrie.
Mais selon un sondage publié lundi par l’institut indépendant Levada, le président russe subit une érosion de sa cote de confiance qui a chuté en mars à 73% contre 83% il y a un an.