Une manifestation, en réaction au viol d’une jeune fille au début du mois de février, dans la ville de Faya Largeau, dans l’extrême-nord du Tchad, a dégénéré ce lundi, lorsqu’un lycéen a été abattu par balles et cinq autres ont été blessés par des militaires tchadiens dans leur tentative de les disperser.
Selon un employé de l’hôpital de la ville, les lycéens avaient commencé à marcher à partir du lycée pour se diriger vers le gouvernorat, le palais de justice et le marché. Ils ont alors été dispersés par les militaires et l’un des protestataires, Abbachou Hassan Ousmane, 17 ans, a été tué par balles.
Le mouvement de protestation des lycéens a débuté le 15 février et n’a cessé depuis de gagner en ampleur. Il est né après le viol le 13 février, d’une jeune fille, Zouhoura, par cinq jeunes, dont trois fils de généraux.
Les cinq accusés de ce viol avaient posté sur les réseaux sociaux des photos de la jeune fille nue et en larmes et ont depuis été arrêtés, de même que quatre complices présumés, dont un fils du ministre des Affaires étrangères. Mais ces arrestations n’ont pas suffi à calmer la colère des jeunes tchadiens.
Le mouvement de protestation lancé d’abord à N’Djamena par plusieurs centaines de manifestants, s’est vite propagé à d’autres villes, notamment Moundou, capitale économique et deuxième ville du pays, et à Massaguet, à 80 kilomètres de N’Djamena. Dans la capitale, les élèves des deux grands lycées, après avoir été empêchés de manifester jeudi dernier, n’ont pas repris les cours lundi.
Le ministre de la Sécurité Ahmat Bachir Mahamat a décrété lundi, un arrêté interdisant une manifestation dans la capitale à laquelle l’opposition politique venait d’appeler. L’affaire est en effet reprise au niveau politique du fait de l’identité des agresseurs. Les fils de cadres et dignitaires du pays constituent une jeunesse dorée qui est souvent considérée comme intouchable.