Les habitants de Tombouctou ont officiellement achevé hier jeudi, la reconstruction des sanctuaires de la ville détruits il y a plus de trois ans par les djihadistes à coups de pioche, de houe ou encore de burin, au nom de la lutte contre l’idolâtrie.
Cette patiente œuvre de réhabilitation s’est achevée par une cérémonie de sacralisation, avec lecture intégrale du Coran et prière collective. Après le sacrifice rituel de cinq bœufs tôt dans la matinée, la cérémonie dans la mosquée de Djingareyber s’est conclue par la remise des clés aux représentants des familles chargées de la gestion des mausolées, en présence de responsables maliens, dignitaires coutumiers er religieux ainsi que des diplomates.
Pour restaurer les monuments en reproduisant l’original, les restes des murs ont été récupérés. Les anciennes photos ont été consultées et, la tradition culturelle, se transmettant généralement de bouche à oreille, des personnes âgées ont été interrogés avant et pendant les travaux. Le savoir-faire traditionnel des maçons locaux a également été très précieux.
La journée d’hier était un grand moment pour la population de Tombouctou. Elle voue un grand respect aux saints décédés, considérés comme de grands humanistes, des érudits et des personnes pieuses. Ancienne cité marchande, Tombouctou a en effet été un grand centre intellectuel de l’islam. Classée par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’humanité en péril, elle compte « 16 cimetières et mausolées qui étaient des composantes essentielles du système religieux dans la mesure où, selon la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers ».
Quatorze de ces mausolées de saints musulmans avaient été détruits par des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé la région d’avril 2012 jusqu’au lancement en janvier 2013 d’une opération militaire internationale conduite par la France.