Le président catalan, Artur Mas a comparu hier jeudi, devant la justice pour avoir organisé le 9 novembre 2014, un référendum sur l’indépendance de la région autonome espagnole de Catalogne, sans valeur légale et interdit, mais qu’il a pleinement assumé devant la cour.
Les magistrats du tribunal supérieur de justice de la Catalogne (cour d’appel) lui ont notamment notifié son inculpation pour « désobéissance civile », mais également pour « détournements de fonds publics » et « usurpation de fonctions ».
Il encourt une inhabilité qui l’empêcherait de diriger la région et même d’occuper une fonction publique. Mais malgré tout, Artur Mas a refusé de répondre aux questions du parquet, représentant l’Etat espagnol, assurant qu’en organisant cette consultation, il n’avait fait que défende la « liberté idéologique » et « la liberté d’expression ».
Hasard du calendrier, le rendez-vous judiciaire a été fixé un jour important pour les partisans de la séparation de la Catalogne d’avec l’Espagne, à savoir le jour de l’anniversaire de la mort de Lluis Companys, un ancien président catalan. Ce dernier a été fusillé il y a 75 ans par des soldats du dictateur Francisco Franco, six ans après avoir proclamé le 6 octobre 1934, pendant une dizaine d’heures, un éphémère « Etat catalan de la République fédérale espagnole ». Cette coïncidence a bien été exploitée par le président catalan. Une foule de quelque 3 000 sympathisants l’attendait à la sortie du tribunal pour sa conférence de presse. Artur Mas a dénoncé un procès « politique », une tentative pour réprimer le sécessionnisme.
La situation entre la Catalogne et Madrid ne devraient pas s’améliorer. Artur Mas et ses nombreux partisans ont prévenu qu’ils continueront leurs actes de désobéissance civile et il est fort probable de voir Artur Mas, malgré une éventuelle condamnation, rester chef du gouvernement catalan. Cette judiciarisation par Madrid de son différend avec les séparatistes catalans pourrait se retourner contre lui, Artur Mas se présentant désormais comme un martyr de la démocratie catalane face à une justice espagnole aveugle.