La Commission européenne a émis hier lundi, de sérieuses réserves sur le budget 2016 présenté par Madrid qui, selon elle, ne devrait pas permettre à l’Espagne de répondre aux attentes européennes en matière de déficit.
L’avis de la Commission européenne repose sur le fait que le gouvernement espagnol se base sur des prévisions de croissance trop optimistes et ne tient pas compte de l’exposition du pays à des économies émergentes en ralentissement. Madrid prédit une croissance de 3.3% cette année et de 3.0% en 2016, contre respectivement des prévisions de la CE qui table plutôt sur 3.1% et 2.7% de croissance.
La Commission estime que les risques pesant sur les projections de croissance sont plutôt baissiers et surtout liés au secteur de l’économie tourné vers l’international qui pâtirait d’une éventuelle intensification du ralentissement des pays émergents. Et malgré les annonces du gouvernement espagnol d’une diminution du déficit des administrations publiques qui devrait passer à 2.8% en 2016, conformément aux objectifs recommandés dans le cadre de la procédure concernant les déficits excessifs, la Commission craint que l’Espagne ne parvienne à se conformer à sa règle qui exige que les déficits nationaux ne dépassent pas 3% du Produit Intérieur Brut.
Pour Bruxelles, cette mise en garde s’imposait, à quelques mois des élections législatives prévues le 20 décembre prochain dans le royaume ibérique.
Après une profonde récession, marquée par une crise bancaire, une explosion du chômage et une longue crise immobilière, dont le pays est sorti l’année passée seulement, l’Espagne a renoué avec la croissance et affiche l’un des taux les plus élevés de la zone euro.
La tentation pourrait être grande pour le gouvernement de droite sortant de lâcher du lest sur la rigueur budgétaire dans le but de regagner la confiance des électeurs qui ont subi de plein fouet les effets de la compression des dépenses publiques. Le ministre de l’Economie espagnol a déjà fait savoir qu’il n’était pas nécessaire pour le gouvernement d’introduire des changements majeurs dans son projet de budget 2016.