Entre la défense de l’électorat populaire et son souci de contrarier sa réputation d’irresponsabilité en matière budgétaire, le parti des travaillistes est en pleine tourmente. Celle-ci s’est clairement matérialisée lundi dernier au soir, quand un quart des 216 députés travaillistes ont refusé de suivre la consigne d’Harriet Harman, leader par intérim de leur parti, de s’abstenir au lieu de voter contre le projet de budget du gouvernement Cameron.
Le projet de budget préparé par le ministre britannique des Finances George Osborne qui vise l’équilibre budgétaire grâce en partie à des coupes considérables dans les aides sociales destinées aux foyers défavorisées, a soulevé de vives critiques dans le pays. Mais ces critiques n’ont aucune conséquence sur son adoption, le gouvernement conservateur de David Cameron bénéficiant d’une majorité absolue au Parlement. Mais si les huit députés libéraux-démocrates et les 56 parlementaires écossais du SNP ont tout de même voté contre, la situation est beaucoup plus confuse chez les travaillistes. La consigne d’abstention du leader par intérim du parti pour un vote, qui était de toute façon déjà scellé, devait éviter d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui accusent les travaillistes d’irresponsabilité budgétaire et de prodigalité en matière d’aide sociale.
Mais la rébellion des 48 élus travaillistes qui ont malgré tout voté contre illustre la lutte qui a lieu au sein du parti. Selon David Blunkett, ancien ministre du Travail de Tony Blair, les dissensions actuelles au sein du parti travailliste proviennent du fait que les travaillistes se sont immédiatement lancés à la recherche d’un successeur à Ed Miliband à la tête du parti après les élections législatives sans prendre le temps d’analyser sérieusement les raisons de l’échec du parti. Celui-ci se retrouve divisé aujourd’hui entre ceux qui pensent que le parti tient une position trop modérée ou alors trop à gauche.