La suspension des pourparlers entre l’opposition burundaise et le parti au pouvoir a provoqué dimanche une aggravation des tensions, et ce à la veille de la tenue du scrutin présidentiel très disputé qui verra la participation du chef de l’Etat Pierre Nkurunziza.
Quelque 3,8 millions de burundais devraient élire mardi leur président lors d’un scrutin dénoncé par un grand nombre de citoyens qui estiment contraire à la constitution la candidature pour un troisième mandat de M. Nkurunziza.
Cette candidature, particulièrement contestée par l’opposition et la société civile, a plongé ces derniers mois le Burundi dans sa pire crise politique depuis 10 ans. Les pays de la région ont à plusieurs reprises entamé des discussions en vue de retarder l’échéance du vote afin de trouver une solution pacifique à la candidature de Pierre Nkurunziza.
Malgré cela, aucun dénouement du problème n’a pu être achevé à temps. Le médiateur chargé du dossier a d’ailleurs annoncé dimanche la suspension des pourparlers de paix. Cette interruption a été causée par l’absence des représentants du gouvernement burundais lors d’une ultime réunion qui devait se tenir dimanche près de Bujumbura.
Crispus Kiyonga, le ministre ougandais de la Défense qui présidait ces discussions, a précisé qu’il ignorait totalement la cause qui a empêché les émissaires du gouvernement burundais de se présenter à la réunion. Il a affirmé que les discussions reprendraient dès que tous les négociateurs seraient présents. Pour les observateurs, cette déclaration signifie une suspension définitive des pourparlers de paix car il ne reste plus désormais que quelques heures avant le début du scrutin présidentiel.
Les mêmes observateurs estiment que si les élections venaient effectivement à avoir lieu, la victoire du président Pierre Nkurunziza ne serait par conséquent pas une surprise. Mais ce succès politique pour le parti gouvernemental ne serait alors qu’une demi-réussite, surtout qu’il risque d’anéantir la confiance de nombreux bailleurs de fonds du Burundi.