Les propos de Pablo Iglesias, le chef du parti antilibéral espagnol Podemos, en faveur d’un rapprochement des détenus de l’ETA incarcérés en France et en Espagne ont déclenché une polémique dans le pays. L’organisation séparatiste basque est à l’origine de nombreux attentats qui ont fait au moins 829 morts en 40 ans.
Selon l’association de proches de détenus Etxerat, environ 455 basques sont incarcérés en France et en Espagne et, parmi eux, 352 sont incarcérés à 500 kilomètres ou plus de leur lieu d’origine, dans une politique de « dispersion » que les autorités appliquent pour des raisons de sécurité. Interrogé lors d’un passage à la télévision publique TVE hier mardi, Pablo Iglesias a estimé que « la dispersion est une exception qui, d’une certaine manière, porte atteinte aux familles » et que le moment était arrivé où il est peut-être temps de réviser les mesures d’exception appliquées aux détenus de l’organisation séparatiste. Or, tous les sujets qui touchent à l’ETA sont sensibles en Espagne et les propos de Pablo Iglesias n’ont pas manqué de provoquer un véritable tollé, surtout au sein des associations de victimes. Le ministre espagnol de l’Intérieur Jorge Fernandez Diaz a accusé le chef de Podemos de « s’intéresser beaucoup plus aux bourreaux qu’aux victimes ».
Pablo Iglesias s’était distingué sur le sujet quand il avait qualifié dans un entretien publié dans la revue britannique The New Left Review le « conflit basque » de « problème politique tragique ». Des propos à quoi Angeles Pedraza, la présidente d’AVT (Association des Victimes du Terrorisme) avait immédiatement réagi qu’en parlant de l’ETA, l’emploi même du mot « conflit », en lieu et place de « terrorisme » était problématique étant donné l’ampleur de la tragédie qu’a apportée à l’Espagne l’organisation séparatiste basque.